Mise à jour : 10 juin 2022
M.KERZAZI, Chargé de mission – sous-direction de la préparation, de l’anticipation et de la gestion des crises, Ministère de l’Intérieur
Mme JUNGBLUTH, cheffe de la section alerte (Bureau de l’alerte, de la sensibilisation et de l’éducation des publics), Ministère de l’Intérieur
Philippe BLANC, adjoint au chef du bureau de la planification , des exercices et des retours d’expérience (BPERE), Ministère de l’Intérieur
Sommaire :
- L’alerte des populations : principes et moyens à la disposition du maire
- Définition et objectif de l’alerte
- Critères d’efficacité de l’alerte
- Lien entre alerte et information préventive
- Mise en place et moyens d’alerte à la disposition de la commune
- Le Signal national d’alerte (SNA)
- Reconnaître le signal national d’alerte
- Le nouveau dispositif national d’alerte multi-canal FR-Alert
1 – L’alerte des populations : principes et moyens à la disposition du maire
L’adoption d’un dispositif efficace d’alerte des populations en cas d’événement de sécurité civile est indispensable. Elle doit permettre aux administrés d’adopter le bon comportement compte tenu de la situation rencontrée.
Au titre de son pouvoir de police, le maire a l’obligation de diffuser l’alerte auprès de la population sur le territoire de sa commune. Cette mission doit donc être considérée comme prioritaire. Plus précisément, l’alerte doit être planifiée dans le cadre de l’élaboration du plan communal de sauvegarde (PCS) sous la forme d’un règlement d’emploi des moyens d’alerte, fiable et exhaustif.
Fiche R8 : Plan communal de sauvegarde (PCS)
Fiche R10 : Traitement au niveau local de la vigilance et de l’alerte
2 – Définition et objectif de l’alerte
L’alerte des populations consiste en la diffusion, par les autorités et en phase d’urgence, d’un signal destiné à avertir des individus d’un danger, imminent ou en train de produire ses effets, susceptible de porter atteinte à leur intégrité physique et nécessitant d’adopter un comportement réflexe de sauvegarde.
Ainsi, l’alerte a pour unique objectif d’appeler les populations à adopter un comportement réflexe de sauvegarde, c’est-à-dire une mise en sécurité simple et immédiate : l’évacuation ou la mise à l’abri dans un bâtiment, dans l’attente d’information complémentaire.
3 – Critères d’efficacité de l’alerte
L’efficacité de l’alerte se mesure au regard de sa faculté à parvenir jusqu’aux personnes impactées par l’événement, à être réceptionnée et comprise de toutes les personnes qui se trouvent dans une zone de danger.
La réactivité et la pertinence des comportements adoptés par la population dépendent pour l’essentiel des actions de sensibilisations menées en amont et des messages d’informations, plus explicites, qui doivent accompagner l’alerte.
4 – Lien entre alerte et information préventive
Pour que la population adopte le bon comportement en cas d’événement, il est indispensable qu’elle ait été bien informée notamment par les campagnes d’information préventive et en particulier par le DICRIM (document d’information communal sur les risques majeurs)
Fiche DGi2 : Consignes de sécurité
Fiche DGi1 : Information préventive des populations
Dans ces campagnes, il est essentiel d’être très précis sur les moyens utilisés pour la diffusion de l’alerte aux habitants et ce, pour chaque risque puisque les comportements à adopter ne sont pas forcement les mêmes selon les événements.
5 – Mise en place et moyens d’alerte à la disposition de la commune
Le choix du moyen d’alerte permettant la diffusion d’un signal ou d’un message est donc crucial et doit être le résultat d’un travail de fond effectué à l’aide du :
- diagnostic des phénomènes et de l’analyse des enjeux ;
- recensement des moyens d’alerte à disposition.
5.1 Identification des contraintes
La commune doit identifier les éléments qui conditionnent le moyen à utiliser :
- caractéristiques de la zone exposée (surface à couvrir, topographie, nombre de personnes, etc.) ;
- délais disponibles entre la prévision de l’événement, le moment de l’envoi de l’alerte et la réalisation du phénomène (cinétique de l’événement).
5.2 Recensement des moyens (cf. tableau suivant)
Une fois toutes les contraintes connues, il convient de les mettre en regard des moyens existants dans la commune. Si, de ce croisement, émerge clairement une efficacité insuffisante, la commune doit travailler à y remédier. Le moyen doit être efficace, c’est-à-dire qu’il doit concilier les impératifs de fiabilité et de rapidité.
5.3 Le bon sens
Il est nécessaire de garder à l’esprit que :
- le système unique infaillible n’existe pas. Chaque moyen peut s’avérer adapté pour une alerte donnée et les moyens peuvent être combinés ;
- les solutions techniques les plus modernes ou les plus onéreuses ne sont pas forcément les plus fiables ;
- il est tout à fait possible de compenser une capacité technique réduite par une organisation humaine pertinente.
Moyen d’alerte | Description | Observations | |
Moyens d’alerte émettant le signalnational d’alerte | Sirènes du Système d’alerte et d’information des populations (SAIP) | Certaines communes en sont dotées depuis les années 1950
Déclenchement manuel possible de chaque unité par le maire Déclenchement automatique de l’ensemble des sirènes du département par le préfet
|
Utilisation envisageable face à PRESQUE tout type de risque et en particulier ceux à cinétique rapide (hors séismes, tempêtes, événements d‘ordre public…) |
Sirènes communales | Sirènes propres à certaines communes
Déclenchement manuel de chaque unité par le maire ou par dispositif à distance (téléphonie mobile…)
|
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Sirènes industrielles | Les entreprises SEVESO seuil haut et les Installations Nucléaires de Base en sont équipées
Déclenchement par l’exploitant dans les conditions fixées par le préfet |
Possibilité de mise en réseau avec les équipements communaux pour déclenchement unique | |
Ensemble mobile d’alerte | Mégaphone installé sur un véhicule
Utilisation par les services communaux ou les sapeurs-pompiers |
Circuits à déterminer | |
Moyens d’alerte diffusant un message d’alerte | Automates d’appel | Diffusion de messages téléphoniques à la population2 systèmes :
– automate d’appel – recours à un prestataire
|
Nécessité de disposer d’un fichier des numéros d’appel constamment actualisé sur acceptation des appelés
Nécessité d’évaluer le temps nécessaire à la diffusion effective des messages à l’ensemble de la liste |
Radios | Diffusion de messages par les stations de radio
Atteinte massive de la population |
Certaines radios sont déjà familiarisées sur ce sujet (convention de partenariat avec les services de l’Etat) | |
Mégaphones | Diffusion de message dans un périmètre restreint | En particulier dans les communes de petite taille | |
Panneaux à message variable | Panneaux installés sur les grands axes routiers ou dans les communesUtilisation possible, par exemple pour la mise en vigilance, la gestion des flux de circulation en cas d’alerte… | Plus qu’un moyen d’alerte un moyen d’information d’accompagnement | |
Autres moyens | En l’absence de moyen spécifique d’alerte klaxon continu de véhicule, porte à porte, cloches …. | Rôle accru de l’information préventive si l’alerte par ces moyens moins conventionnels est retenue |
6 – Le Signal National d’Alerte
6.1 L’objet du Signal National d’Alerte
Le Signal national d’alerte (SNA) est un des moyens d’alerte mis en place pour avertir la population de la nécessité de se mettre immédiatement à l’abri du danger et de se porter à l’écoute de l’un des programmes nationaux ou locaux de radio ou de télévision des sociétés nationales de programme Radio France, France 3 et Réseau France outre-mer.
Il s’intègre dans les mesures destinées à informer la population, qui sont :
- la mise à disposition permanente d’informations sur l’état de vigilance ayant pour objet de prévenir ou de signaler certains risques naturels ou technologiques ou certaines menaces ;
- l’émission sur tout ou partie du territoire soit d’un message d’alerte, soit du Signal National d’Alerte, soit de l’un et de l’autre ;
- la diffusion, répétée tout au long de l’évènement, de consignes de comportement et de sécurité à observer par la population ;
- l’émission soit d’un message de fin d’alerte, soit du signal national de fin d’alerte, soit de l’un et de l’autre.
Arrêté du 23 mars 2007 relatif aux caractéristiques techniques du signal national d’alerte.
Section 5 : Code d’alerte national (Articles R732-19 à R732-34)
6.2 L’émission du Signal National d’Alerte
Le Signal National d’Alerte peut être émis par :
- des sirènes électromécaniques (étatiques, communales ou industrielles)
- des sirènes électroniques (utilisées principalement par des communes et des industriels (pour les Plans particuliers d’intervention notamment).
Les mesures d’alerte sont déclenchées sur décision du Premier ministre, des préfets de département et à Paris, du préfet de police, ou des maires qui informent sans délai le préfet de département.
Concernant les installations à risque (Seveso, nucléaires ou barrage), les mesures d’alerte peuvent être déclenchées par l’exploitant dans les conditions fixées par le préfet de département.
L’arrêté du 23 mars 2007 relatif aux caractéristiques techniques du Signal National d’Alerte établit un signal d’alerte unique en cas d’événement nécessitant une mise à l’abri dans un local clos.
La rupture de barrage fait l’objet d’un signal d’alerte spécifique, distinct du SNA. Ce signal consiste en un son de corne de brume sur une durée totale maximale de 2 minutes composée d’une émission sonore de 2 secondes entrecoupée d’un intervalle de silence de 3 secondes.
7 – Reconnaître le Signal National d’Alerte
Le signal de début d’alerte consiste en trois cycles successifs d’une durée de 1 minute et 41 secondes chacun et séparés par un intervalle de 5 secondes.
Le signal de fin d’alerte est un son constant de 30 secondes. Il signifie que le danger est écarté et qu’il n’est plus nécessaire d’appliquer les consignes de sauvegarde.
Les essais de sirènes du Réseau National d’Alerte se déroulent le premier mercredi de chaque mois, à midi.
Remarque : Le signal d’essai dure une minute seulement.
8 – Le nouveau dispositif national d’alerte multi-canal FR-Alert
8.1 Fr-Alert, c’est quoi ?
Ce dispositif stratégique doit répondre aux attentes exprimées après des évènements marquants (accident de Lubrizol, ouragan Irma, crise du Covid19) mais également aux obligations européennes et aux besoins opérationnels de gestion de crise. (Article 110 « Système d’alerte du public » de la directive européenne n°2018-1972 publiée le 17 décembre 2018 établissant le code de communications électroniques européen.)
Ce nouveau dispositif nommé FR-ALERT est un système d’alerte des populations qui permet d’envoyer des notifications sur les téléphones portables des personnes présentes dans une zone confrontée à un danger.
8.2 Les notifications et leur contenu
Les notifications informeront sur :
- la nature du risque (un feu, une inondation, un accident industriel…) ;
- l’autorité qui diffuse l’alerte ;
- la localisation du danger (établissement, quartier, commune, agglomération, département…) ;
- l’attitude à adopter (rester chez soi, évacuer la zone…) ;
- le cas échéant, un lien pour obtenir des informations supplémentaires sur un site internet officiel.
Des informations complémentaires relatives à l’évolution de la situation seront diffusées.
La fin de l’alerte fera également l’objet de l’envoi d’une notification.
Ce dispositif sera opérationnel partout en France hexagonale et en outre-mer, courant 2022.
8.3 Les technologies utilisées
FR-ALERT combine deux technologies différentes : la diffusion cellulaire (Cell Broadcast), utilisée lors des expérimentations en mai et juin 2022 et qui constituera le socle du dispositif FR-Alert et les SMS géolocalisés (LB-SMS ou Location-Based SMS), qui constituera un mode complémentaire d’alerte .
La diffusion cellulaire fonctionne sur la 4G (puis sur la 5G). Elle permettra d’alerter la population en quelques secondes, ce qui est particulièrement pertinent notamment en cas de crise à cinétique rapide nécessitant une mise en sécurité immédiate.
Les SMS géolocalisés, quant à eux, fonctionnent classiquement sur de la 2G, 3G, 4G. Cependant la diffusion de gros volumes de SMS peut prendre plus de temps.
Chacune de ces deux technologies est complémentaire, leur combinaison permettant une alerte optimale.
Le déploiement de FR-Alert (qui va combiner les sirènes, le CB et les LB-SMS) ne doit pas remettre en cause le concept d’alerte multicanale. Utiliser différents vecteurs, parfois complémentaires les uns par rapport aux autres, améliore la robustesse des alertes et le nombre d’individus atteints.
https://www.gouvernement.fr/actualite/fr-alert-comment-ca-marche
L’alerte à la population, Risques Infos, Hors-série n°1, juin 2022